sábado, 8 de noviembre de 2014

Modèle phonologique: portée et limites

Ce succès semble dû à trois raisons, au moins: 1° la méthodephonologique permet d’identifier les unités phoniques correspondant à l’intuition et au comportement du sujet parlant; 2° les résultats sont pour l’essentiel indépendants de la subjectivité du descripteur. En d’autres termes, l’analyse phonologique donne des résultats objectifs; 3° l’analyse phonologique peut être menée par un descripteur qui ne soit pas locuteur de la langue à l’étude. Ce dernier point est d’importance. Car après tout, les Grecs anciens qui ont établi l’écriture alphabétique, avaient conscience des phonèmes; mais vraisemblablement, leur connaissance se limitait à la langue qu’ils pratiquaient. En cela, la phonologie accomplit un pas significatif vers la scientificité: elle se munit d’une méthode objective. Cependant, le modèle phonologique se heurte à des limites: si les locuteurs tombent d’accord pour reconnaître certains phonèmes, pour certains autres, des désaccords se manifestent. Ainsi, /p, t, k, b, d, g/ sont reconnus comme des phonèmes par n’importe quel francophone. Mais qu’en est-il des éléments comme /ö/ et /oe/? Sont-ce deux phonèmes distincts? Les mots jeûne et jeune s’opposeraient-ils par leur constitution phonique? À ces questions, on ne trouverait pas de réponses identiques dans l’intuition des sujets parlants. Il ne s’agit pas de cas isolés; les exemples peuvent être multipliés à souhait. Cela soulève un problème de fond: le système phonologique d’une langue est-il homogène, constant? Renferme-t-il au contraire variations et hétérogénéités?

Troubetzkoy semble pencher pour l’homogénéité phonologique des langues. C’est André Martinet qui pour la première fois met l’étude des variations phonologiques à l’ordre du jour. Son enquête dont les résultats sont publiés en 1945 montre l’ampleur des variations phonologiques (Martinet: 1945). Les résultats montrent — chiffres à l’appui — les tendances les plus générales des pratiques phonologiques; et les distinguent des habitudes d’une fraction relativement restreinte de la francophonie: celles de la bourgeoisie parisienne. On a là un tournant dans l’évolution de la théorie phonologique: pour une analyse poussée, Martinet fait appel à des outils statistiques, alors que Troubetzkoy considère que la langue est en dehors de la mesure et du nombre (Troubetzkoy, 1939: 9). Le recours à l’enquête a un double effet. D’une part, elle permet d’obtenir une image plus fidèle du matériel phonique dans sa diversité sur le territoire d’une langue. D’autre part, il repose la question de la structure linguistique et de sa nature: les langues ont-elle une structure purement formelle? Ou bien la structure linguistique comporte-t-elle de l’aléatoire? Dans les deux cas, se pose la question des liens entre la structure linguistique et la fonction de communication. 

No hay comentarios:

Publicar un comentario