sábado, 8 de noviembre de 2014

Conception globale

L’École de Prague n’a pratiquement pas formulé de proposition théorique concernant les sous-systèmes autres que la phonologie. C’est à André Martinet que revient le mérite de formuler pour la langue une définition globale. Dans ses principes, la démarche de Martinet est identique à celle de Troubetzkoy: elle définit dans un même élan l’objet, sa fonction et sa structure. Ainsi, la langue est définie comme un instrument de communication doublement articulé (Martinet: 1949 et Martinet: 1957). Si la définition est adéquate, la méthode d’analyse linguistique en découle par implication.
Les énoncés linguistiques sont, en vertu de la première articulation, composés de signes, entités à double face: signifiant et signifié. Ce qui impute à la description une triple tâche: étude du signe (syntaxe), étude du signifiant (phonologie et morphologie), étude du signifié (sémantique ou axiologie). Dans la construction théorique, on s’efforce à suivre la démarche déductive, et à fonder tous les concepts —classes, fonctions, etc.— sur la définition de la langue ou sur ce qui peut en être inféré.


Pour illustrer la méthode, je prendrai la syntaxe. Le cadre de l’analyse est l’énoncé complet hors contexte et situation. Ce qui, dans la pratique, revient à la phrase dans la terminologie traditionnelle. L’avantage de cette façon de faire est double: 1° on ne fonde pas le concept phrase sur une logique ou pensée dont l’universalité est plus que douteuse; 2° on n’induit aucune catégorie —verbe, nom, etc.— attestée dans certaines familles de langues. Ce, conformément au principe de l’arbitraire linguistique, et pour éviter d’imprimer à la langue à l’étude la structure de celle du descripteur. Ensuite, une gamme de fonctions est définie. Ainsi, l’élément central de la phrase est dit prédicat. Il ne s’agit pas de prédicat au sens logique du terme. Mais d’un élément qui est présupposé par les autres constituants (expansions) de la phrase, et qui n’en présuppose aucun:

expansion prédicat
expansion ≠> prédicat

Le verbe est défini comme une classe de monèmes spécialisés à la prédication, et non sur la foi de son contenu sémantique (‘action’, ‘événemen’…). La fonction sujet est conçue comme l’expansion indispensable à la constitution de la phrase. Ainsi de suite. Issues de la démarche déductive, les classes et fonctions ainsi définies sont censées être générales. Mais non universelles, en ce sens que la syntaxe fonctionnelle ne postule pas l’existence d’une classe (nom ou verbe) ou d’une fonction (sujet ou objet, par ex.) dans toutes les langues; elle propose des définitions conditionnelles: si a alors b. Il y a une classe verbale dans la langue Li si celle-ci possède des monèmes spécialisés à la prédication. Si non, ce sera une langue sans verbe. Les constructions syntaxiques sont ainsi fondées sur le jeu de rapports entre classes et fonctions. Et c’est sur ces rapports que peut et doit être fondée la description de la syntaxe des langues.

A ce point de l’exposé, une remarque semble s’imposer sur l’affinité de la démarche de Martinet (en syntaxe, par ex.) avec celle de Troubetzkoy en phonologie. Il ne s’agit pas d’un emprunt mécanique ni du placage de la méthode phonologique sur les autres domaines de la langue. Comme en phonologie, les principes fonctionnels sont appliqués en syntaxe, mais mutandis mutatis. D’emblée, l’analyse fonctionnelle est repensée et adaptée à la syntaxe. Par exemple, l’épreuve de la commutation ne s’applique pas de la même façon aux phonèmes et aux monèmes. La commutation en phonologie est fondée sur le constat que la présence ou l’absence des phonèmes en un point de la chaîne parlée change l’identité du message. Or, cela ne vaut pas toujours ni nécessairement pour les monèmes; il en est qui sont autonomes, ceux — comme hier ou ici— dont la fonction ne dépend pas de leur place dans la chaîne ni d’un indicateur de fonction tel que de, avec, etc.En cela la méthode fonctionnelle ne se confond pas avec celle de la linguistique distributionnelle qui ne reconnaît qu’une seule différence entre phonèmes et monèmes (ou morphèmes): les monèmes, syntagmes ou phrases ne se distinguent des phonèmes qu’en ce qu’ils sont des

«composants longs».

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