viernes, 7 de noviembre de 2014

La linguistique: science de la nature ou science de la culture?

Dixon ouvre quasiment son ouvrage par l’assertion suivante: La linguistique est une branche des sciences de la nature («[the approach] which is followed here treats linguistics as a natural science», 2010a: 1). Et de préciser qu’il la range ainsi à égalité («on a par») avec la géologie, la biologie, la physique et la chimie. L’argumentation en faveur de ce choix radical est mince, sinon inexistante: Dixon cite brièvement Stephen 
Toulmin, dans un article de l’Encycopaedia Britannica (Toulmin 1984), qui insiste sur la nécessaire composante empirique de la démarche scientifique et qui pointe que les objectifs de la science sont l’explication des phénomènes ou des processus dans la nature, et non l’élaboration de théories, de termes techniques ou de procédures mathématiques. Si l’on souscrit en général aux propos de Toulmin, on n’est renseigné ni sur les critères qui font de la linguistique une science, selon cette acception, ni sur ceux qui inciteraient à la ranger parmi les sciences de la nature. 
Peut-être conviendrait-il de faire peu de cas de l’assertion dixonienne, si peu argumentée, mais les enjeux du débat dépassent largement la BLT et il a paru nécessaire de s’y arrêter car de telles affirmations à l’emporte-pièce rencontrent souvent un succès aussi inattendu qu’injustifié. En premier lieu, il est sans doute bon de rappeler ces mots d’André Martinet tirés de l’article «La linguistique peut-elle fonder la scientificité des sciences sociales» qui illustrent bien le réalisme avec lequel il convient d’aborder la question de la scientificité de la linguistique: 
On ne peut pas dire (…) qu’il y ait accord général et total sur ce qu’est une science par opposition à un ordre de connaissance non scientifique. Dans ces conditions, tout chercheur qui estime qu’il a intérêt à faire entrer sa discipline dans le cadre de la science pourra donner, de ce terme, une définition telle qu’elle recouvre ce qu’il désire lui faire recouvrir (Martinet 2008: 3) 

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