jueves, 13 de noviembre de 2014

L’Origine de la Théorie du Fonctionnalisme.

Les principes fonctionnels proposés par Martinet sont tous liés, en dernière analyse, à la notion de rendement fonctionnel, qui occupe une place cen-trale dans le modèle de Martinet. Ce concept trouve son origine dans le Cercle linguistique de Prague; il apparaît dès le début des années 1920, entre autres dans un article de Vilém Mathesius.


Le fonctionnalisme en linguistique est une grammaire fondée sur la recon-naissance de fonction. Le terme de fonctionnalisme désigne un courant d'idées prônées par un groupe de linguistes qui s'inscrivent dans la tradition saussurienne. Cette école met l'accent sur la notion de fonction de commu-nication de la langue en essayant de retrouver dans les énoncés les traces manifestes des différents " choix " effectués par le locuteur. Le fonctionna-lisme en linguistique tient compte de trois niveaux de fonctions dans les éléments d'un discours.


1. Fonction sémantique: (agent / patient / récepteur / etc.), qui décrit le rôle des unités dans la situation ou l'action exprimée.

2. Fonction syntaxique: (sujet / objet), qui définit les différents points de vue dans la présentation d'une expression linguistique.

3. Fonction pragmatique: (thème principal et thème secondaire, contexte, orientation), qui définit le contenu informatif des unités, déterminée par le contexte des interactions entre mots.


Fonctionnalisme :(école européenne de Martinet)
Ce courant dégage une procédure pour analyser la phonologie, puis la gé-néralise aux autres niveaux (morphologie, lexicologie, syntaxe). Les unités n’ont de valeur linguistique que par rapport à leurs possibilités d’opposition ou de combinaison.

Le Cercle de Prague

Le Cercle de Prague

A partir de 1926, Mathésius crée le Cercle linguistique de Prague (CLP) en réunissant un groupe de professeurs et d’étudiants de l’université qui étaient animés par un désir de résister aux thèses « mécanistes » des néogrammairiens. Jakobson a été un inspirateur du Cercle. Les théoriciens du Cercle posèrent des principes théoriques sous forme de thèse qui s’élèvent à neuf. Nous mentionnons ici les plus importantes:

-La langue doit être conçue comme un « système fonctionnel » ;
-La démarche méthodologique du linguiste doit être synchronique, et elle doit avoir recours au « sentiment direct » du locuteur, à son introspection ;
-La conception de la langue comme système fonctionnel doit s’appliquer non seulement sur le plan synchronique, mais également sur le plan historique ;

-Un des objectifs du Cercle est de réaliser une typologie ( ou caractérologie) des systèmes que constituent les langues.

Biographie d´André Martinet

André Martinet rentre en France, en 1955, il obtient à la Sorbonne la chaire de linguistique générale. Il n'y a plus de chaire de phonologie à l'École pratique des Hautes Études mais on y crée pour lui, en 1957, une Direction d'études de linguistique structurale.Dès lors, outre l'enseignement élémentaire qu'il assure à la Sorbonne et qui aboutit à la publication en 1960 des Éléments de linguistique générale, traduit aujourd'hui dans près de vingt langues, André Martinet forme de nombreux chercheurs dans ses séminaires à l'École pratique des Hautes Études et dirige des thèses de doctorat portant sur les langues les plus variées.


La multiplication de ses tâches administratives ne ralentit guère sa production scientifique. En 1965, il fonde la revue La Linguistique conçue essentiellement comme tribune du fonctionnalisme linguistique.L'activité scientifique d'André Martinet apparaît comme étroitement liée au développement de la linguistique contemporaine. Sa vision linguistique, ramassée dans la définition qu'il a donné d'une langue, correspond à une élaboration positive qui s'est faite constamment en contact avec la pensée d'autrui, mais rarement sous sa pression directe. «Une langue», écrit-il, «est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression vocale, les monèmes ; cette expression vocale s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d'une langue à une autre».


Les élements de liguistique générale André Martiné

Description


Cet ouvrage se veut une présentation réaliste de l'ensemble des faits de langue (analyse phonologique, unités significatives, description et évolution des langues), des principes et des méthodes de la linguistique, sans formalisme ni a priori théorique abusif. L'accent est mis autant sur la fonction des unités linguistiques que sur les structures qu'elles constituent. De nombreuses fois réédité, ce classique de la linguistique est une introduction essentielle au langage et à la langue. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.


Double articulation du langage

Cette relation entre le signifié et le signifiant nous amène à faire une autre distinction qui nous paraît importante du point de vue linguistique. Il s'agit de la double articulation du langage (deux types d'unités découpées sur deux niveaux distincts). Selon André Martinet, la langue s'organise sur deux niveaux qui opèrent de façon différente. Pour lui, les unités qui s'enchaînent dans le discours ne s'enchaînent pas de la même façon et au même niveau.

André Martinet propose donc que la langue contient :
a) des unités de première articulation: les morphèmes (unités minimales de signification). Ce sont des noms (arbre, crayon, maison, etc.), verbes (manger, écrire, rêver, etc.), adjectifs (bleu, grand, rapide, etc.), etc. On note aussi que les "parties de mots" (comme le "-ons" dans le verbe "mangerons", ou le "eur" dans "réparateur") qui ont une valeur grammaticale sont aussi appelées des morphèmes et qu'elles sont aussi porteuses de sens. En effet, à chaque fois qu'un verbe se termine par un "-ons", les locuteurs du français reconnaissent que le sujet est une première personne du pluriel ("nous"), peu importe le verbe.

Ex. 1:
a. "Je viens." (2 morphèmes)
b. "Je viendrai." (3 morphèmes)

1-je: pron. pers.
2-vien-: verbe venir
3-drai: futur, 1ere personne du sing.

Ex. 2 (utilisation du morphème "-ons"):
a. Nous viendrons.
b. Isabelle et moi voterons pour Steven Harper.

Ce qu’il faut comprendre à ce moment et ce en quoi cette notion se rattache avec la sémiologie est que ces morphèmes sont constitués d'un signifiant ET d'un signifié.

L'analyse de la langue en morphèmes, champ d'étude fascinant, sera abordée de façon plus détaillée lorsque vous ferez de la morphologie dans le deuxième cours d'introduction offert au département (Fren 370).

b) des unités de seconde articulation: les phonèmes (unités minimales distinctives). Ce sont des sons distinctifs (ils changent le sens d'un mot (pont-bon, quand-banc) sans qu'ils ne soient porteurs de sens) propres à une langue.

Ces phonèmes ne sont constitués que d'un signifiant, sans signifié.
Autre illustration de la double articulation du langage: Combien de mots d’une seule syllabe pouvez-vous former qui se terminent par le son « -on »? Un étudiant bien inspiré pourrait arriver à cette simple liste qui contient un bon nombre de mots différent seulement par leur première consonne et qui se terminent tous par le son "-on":

pont
bon
ton / taon
don / dont
con / qu’on
gong
font / fond
vont
son / sont
jonc
mon
non
long
rond

La langue peut donc "optimiser" son système en formant un grand nombre de mots différents avec une seule modification (remplacer un seul son) plutôt que de créer un nouveau mot complètement différent à chaque fois. Ceci est possible seulement par l’existence d’unités sans sens (les sons, ou phonèmes) que l’on peut substituer les unes aux autres pour changer le sens d’un mot. Cette particularité de créer un système productif contenant deux niveaux d'organisation pour communiquer constitue une différence majeure entre les systèmes de communication utilisés entre animaux et ceux utilisés par les humains.

En résumé, lorsque nous parlons de double articulation du langage, nous parlons de deux niveaux d'organisation du langage:
a) première articulation, les morphèmes (qui ont un signifié et un signifiant)
b) deuxième niveau d'organisation: les phonèmes (qui n'ont qu'un signifiant)


LES TRAITS DISTINCTIFS

Un phonème être décrit comme un faisceau de traits distinctifs. Un trait distinctif est ce qui maintient un phonème différent de tous les autres du système. On dit ainsi de /d/ qu'il est apical (ce qui l'oppose à /b/), sonore (ce qui l'oppose à /t/), et occlusif (ce qui l'oppose à /z/); de /i/ qu'il est fermé et antérieur. Les phonèmes /l/ et /r/ qui se définissent par un seul trait (la-téral pour /l/ et vibrant pour /r/), sont appelés phonèmes non intégrés. La notion de trait distinctif est très importante pour organiser le système d'une langue: elle permet de s'apercevoir que c'est, en français, le même trait dis-tinctif (sonore/sourde) qui oppose /b/ à /p/, /d/ à /t/, /v/ à /f/...

On dit qu'il y a corrélation de sonorité en français, et l'on peut représenter : /b/ comme comportant le trait [+ sonore], là où /p/ a le trait [—sonore].

CLASSIFICATION DES MONÈMES

Martinet propose une classification des monèmes selon leur fonction dans l'énoncé. Dans l'exemple : « Hier, il y avait fête au village »
Le monèmes autonome.
Comme « hier », « demain », « aujourd'hui ».
Le monèmes fonctionnel
comme « au » « à » « vers » « par »
Le syntagme indépendant
« en voiture », « avec mes valises », « par la fenêtre ».
Le syntagme prédicatif.
Comme « il y avait fête au village »
Martinet affirme que seul le syntagme prédicatif est important pour la communication , tout le reste est « expansion ».

Distinction entre les notions de la langue selon Ferdinand de Saussure et André Martinet

Saussure a élaboré, la notion que la langue est une structure, mais André Martinet conçoit la langue comme un instrument de communication. Considéré comme le fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand DE SAUSSURE définit la langue comme étant à la fois « un produit social de la faculté de langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les indivi-dus.»

Pour DE SAUSSURE, la langue est un trésor déposé par la pratique de la pa-role dans les sujets appartenant à une même communauté, un système grammatical existant virtuellement dans chaque cerveau, ou plus exacte-ment dans les cerveaux d'un ensemble d'individus ; car la langue n'est com-plète dans aucun, elle n'existe parfaitement que dans la masse.6(*)
Saussure, est un système de signes homogène qui « est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu »

Pour MARTINET en effet, une langue est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expres-sion phonique, les monèmes ; cette expression phonique s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, dont la nature et les rapports diffèrent, eux aussi, d'une langue à une autre.

Biographie de Roman Jakobson

Roman Jakobson (1896-1982) a été un des plus grands maîtres de la linguistique du XXe siècle. Né en Russie, membre, dès 1915 de l’école des formalistes russes, Jakobson enseigna entre les deux guerres en Tchécoslovaquie et fut, avec N. Troubetzkoy, un des chefs de file du fameux Cercle linguistique de Prague. Lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les nazis, il est contraint de fuir en Scandinavie, d’où il gagne les États-Unis en 1941. De 1942 à 1946, Jakobson enseigne à l’École libre des hautes études de New York, où il collabore avec C. Lévi-Strauss.

En 1943, il apparaît parmi les fondateurs du cercle linguistique de New York, dont il assumera la vice-présidence jusqu’en 1949. À partir de 1943, il enseigne dans de nombreuses institutions, entres autres à l’Université Harvard et au MIT. Jakobson a, par son enseignement aux Etats-Unis, contribué à abolir les frontières entre la linguistique européenne et la linguistique américaine. Il a exercé une profonde influence sur la linguistique générale (notamment dans les travaux de N. Chomsky et M. Halle), les études slaves, mais aussi la sémiotique, l’anthropologie, la psychanalyse, l’ethnologie, la mythologie, la théorie de la communication, les études littéraires. En sémiotique, son célèbre modèle des fonctions du langage fait partie du patrimoine intellectuel de la discipline.

http://www.scienceshumaines.com/index.php?id_article=4522&lg=fr

Cadre de l'échange linguistique

Cadre de l'échange linguistique

D'après Roman Jakobson, « le langage doit être étudié dans toutes ses fonctions ». C'est-à-dire que le linguiste doit s'attacher à comprendre à quoi sert le langage, et s'il sert à plusieurs choses. « Pour donner une idée de ses fonctions, un aperçu sommaire portant sur les facteurs constitutifs de tout procès linguistique, de tout acte de communication verbale, est nécessaire ». Les voici :

·  Le message lui-même ;
      « Le destinateur envoie un message au destinataire » ;

·     Le destinataire est censé recevoir le message ;
  « Pour être opérant, le message requiert d'abord un contexte auquel il renvoie (c'est ce qu'on appelle aussi, dans une terminologie quelque peu ambiguë, le "référent"), contexte saisissable par le destinataire, et qui est soit verbal, soit susceptible d'être verbalisé »

·         « Le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire (ou, en d'autres termes, à l'encodeur et au décodeur du message) » ;

·         « Le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d'établir et de maintenir la communication


Une présentation réaliste des principes et des méthodes de la linguistique, sans formalisme, ni a priori théorique. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.







La fonction référentielle
Cette fonction concerne principalement le référent auquel renvoie le message. Autrement dit à cet état du monde dont parle le message. Il s'agit de la fonction informative de tout langage.

La fonction expressive
Elle est centrée sur le destinateur, sur l'émetteur et lui permet d'exprimer son attitude, son émotion, et son affectivité par rapport à ce dont il parle. Tous les traits dits suprasegmentaux - intonation, timbre de la voix, etc. - du langage parlé se rattachent à la fonction expressive.

La fonction conative
Elle est centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconaître au langage une visée intentionnelle sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet. C'est cette dernière orientation qui a été développée par les pragmaticiens à la suite de la théorie des actes du lanagage développée par Austin J.L. (1970), Quand dire, c'est faire, Paris, Seuil. Les formes grammaticales qui permettent l'instanciation de cette fonction sont par exemple le vocatif, l'impératif.

La fonction phatique
Cette fonction sert "simplement" à établir la communication, à assurer le contact et l'attention entre les interlocuteurs. il s'agit de rendre la communication effective et effective. Je dis "simplement" avec une certaine ironie, car tous ceux qui sont habitués aux formes de communication médiatisée par oridnateur savent combien l'absence de ces modalités de régulation de la communication peuvent en entraver la convivialité et l'efficacité au sens le plus strict.

La fonction métalinguistique
la fonction méàtalinguistique répond à la néàcessitàé d'expliciter parfois les formes mêmes du langage. A chaque fois que je m'assure que mes interlocuteurs partagnet le même code que moi et, comme moi appellent bien un chat un chat, je fais appel à la capacité qu'a la langue de pouvoir expliciter ses propres codes, ses propres règles et son propre lexique. Autrement dit, quand je demande à mon interlocuteur "Qu'entends-tu exactement quand tu dis <galetas> ?" Je mets en oeuvre 
la fonction métalinguistique.

La fonction poétique
Cette dernière fonction met l'accent sur le message lui-même et le prend comme objet. Il s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code. Il s'agit de tous les procédés poètiques tels que l'allitération (le célèbre Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes), les rimes, etc. Un peu comm un peintre qui travaille d'abord sur la couleur et la lumère avant de "représenter une scène"... Historique,ment c'est sans doute là la rupture de l'impressionisme. Et plus tard celle inaugurée par le Carré blanc de Malevitch.

Biographie Nicolaï Troubetzkoy


Nicolaï Troubetzkoy est un linguiste russe, membre du Cercle linguistique de Prague. Professeur à l'Université de Vienne, il est persécuté par les nazis suite à une publication critiquant les théories d'Hitler et meurt d'une attaque cardiaque : ses travaux demeurent inachevés. 

Travaux 

Troubetzkoy fonde la morphophonologie avec Roman Jakobson, lui aussi membre du cercle de Prague. Il meurt avant de finir ses travaux, portant notamment sur la phonologie, plus particulièrement sur la définition du phonème. Ses travaux, diffusés posthumément, furent cruciaux quant à la phonologie.

LA PHONOLOGIE FONCTIONNELLE

LA PHONOLOGIE FONCTIONNELLE
La phonologie étudie les unités de deuxième articulation : les phonèmes. Les phonèmes constitue le moyen d'établir du sens, et contribuent au fonctionnement de la langue, grâce à leur fonction dans la communication.

SON vs PHONEME
Quelle est la différence entre un son et un phonème? La langue en tant que système se réalise dans la parole. Chaque locuteur utilise la langue pour produire de la parole. La parole en tant que chaîne parlée constitue l'aspect concret de la langue et utilise des sons. Les sons ou substance phonique peuvent faire l'objet d'une analyse matérielle, et être étudiés en eux-mêmes dans leur réalité physique, abstraction faite du fait qu'ils ne sont que le moyen de la communication linguistique. Ce type d'analyse est pris en charge par la phonétique. Mais les sons ont également une fonction dans la langue pour la production du sens . Par exemple les sons [r] et [l] de notre exemple précedent , servent à distinguer les unités significatives [barre] et [balle] donc /r/ et /l/ ont une fonction distinctive dans la langue : ce sont des phonèmes. Les sons sont une substance concrète, ils appartiennent à la parole tandis que les phonèmes sont des concepts, ils sont des formes, ils appartiennent à la langue.Ils sont étudiés par la phonologie.

SYSTEME PHONETIQUE vs SYSTÈME PHONOLOGIQUE
Pour bien aborder la distinction historique entre la phonétique et la phonologie, il faut se reporter aux définitions des termes (langue, parole), (phonème et son), telles qu'elles ont été formulées par Saussure et Troubetzkoy.À partir de cette dichotomie langue/parole, Troubetzkoy (1964) établit la distinction, et même l'opposition entre la phonétique, qui étudie les sons de la parole sans se soucier de leur rôle dans la langue à laquelle ils appartiennent, et la phonologie qui les étudie en fonction de leur rôle dans cette langue. En d'autres termes, la phonologie est à la phonétique ce que la langue est à la parole. S'il est vrai que nos organes phonatoires nous permettent de produire une infinité de sons différents - ce que montre d'ailleurs l'analyse scientifique de nos productions orales - le fonctionnement d'un code linguistique ne requiert qu'un nombre limité (quelques dizaines) d'unités phoniques, appelées phonèmes, et organisées en un système économique, cohérent et équilibré. Ce système fonctionne sur la base d'oppositions des divers éléments. C'est un ensemble structuré où chaque phonème n'a de valeur que par opposition aux autres phonèmes du système. Il varie selon les langues.
Ainsi /z/ et /s/ sont deux phonèmes du français : [Caser/Casser]; [Raser/Racé]. Mais en espagnol /s/ et /z/ constituent un seul et même phonème. A l'opposé, un phonème peut se réaliser en des sons différents (appelés variantes, réalisations phonétiques, allophones).


SUBSTITUTION et COMMUNTATION.
L'analyse fonctionnelle phonématique est basée sur les techniques de substitution et de commutation, pour déterminer le système phonologique. Des sons différents sont considérés comme des phonèmes différents si et seulement si, dans le même contexte phonique, leur substitution change le sens du message. On appelle phonèmes corrélatifs ou phonèmes intégrés des séries ou plusieurs paires de phonèmes qui se distinguent par l'absence ou la présence d'un seul trait (appelé marque de corrélation)
Exemple : /t/d/n; /p/b/m/; /f/v/....

LES TRAITS DISTINCTIFS
Un phonème être décrit comme un faisceau de traits distinctifs. Un trait distinctif est ce qui maintient un phonème différent de tous les autres du système. On dit ainsi de /d/ qu'il est apical (ce qui l'oppose à /b/), sonore (ce qui l'oppose à /t/), et occlusif (ce qui l'oppose à /z/); de /i/ qu'il est fermé et antérieur. Les phonèmes /l/ et /r/ qui se définissent par un seul trait (latéral pour /l/ et vibrant pour /r/), sont appelés phonèmes non intégrés. La notion de trait distinctif est très importante pour organiser le système d'une langue: elle permet de s'apercevoir que c'est, en français, le même trait distinctif (sonore/sourde) qui oppose /b/ à /p/, /d/ à /t/, /v/ à /f/...

On dit qu'il y a corrélation de sonorité en français, et l'on peut représenter : /b/ comme comportant le trait [+ sonore], là où /p/ a le trait [—sonore].

Phonologie Fonctionnelle: objet et méthode

La méthode praguoise peut être schématisée ainsi: on ttribue à l’objet langue —par hypothèse— des caractéristiques fonctionnelles dont découlent des propriétés structurales. Une telle conception de la langue confère à la théorie linguistique un objet concret. Troubetzkoy définit l’objet linguistique non isolément, mais en l’associant à ses propriétés fonctionnelles. Plus précisément, l’objet est défini par sa fonction. Si —et dans la mesure où— ces propriétés structurales sont vraies, elles peuvent être observées dans l’intuition (et le comportement) du sujet parlant. De l’axiome que la langue est un instrument de communication, découle la corrélation signifiant/signifié. Dès lors, le sujet parlant français reconnaît — tant dans son rôle d’émetteur que de récepteur — les mots; il connaît /mal/ mal, /pal/ pal et /bal/ bal, et les reconnaît comme des mots distincts ayant des significations différentes. L’axiome «phonème-unité distinctive» (ou le signifiant linguistique est articulé en phonèmes) implique que le francophone reconnaît et distingue /m/, /p/ et /b/. L’épreuve de la commutation résulte par implication logique de la fonction du phonème. La phonologie se donne ainsi un objet concret, susceptible d’observation hic et nunc et de contrôle empirique. Ce, sans confondre phonème (unité linguistique) et son (phénomène physique). Noter que le modèle praguois (Troubetzkoy: 1939) propose, pour les éléments phoniques de la langue, d’autres fonctions —comme fonction démarcative, fonction culminative— permettant de définir d’autres types d’éléments phoniques comme l’accent. Les thèses de la phonologie ont rencontré des résistances6 comme toutes les idées nouvelles. Passé une phase de rejet, le modèle phonologique a remporté un franc succès, et a été reconnu comme la méthode scientifique pour dégager le matériel phonique des langues.

L'école de Copenhague et la glossématique

L'école de Copenhague et la glossématique

Deux linguistes danois, Louis Hjelmslev et Knud Togeby, ont repris de l'enseignement de F. de Saussure l'idée que la langue est une forme et non pas une substance, créant la glossématique (du grec glôssa signifiant «langue») et s'efforçant de construire une sorte d'algèbre de la langue considérée comme pur jeu de différences. Sur le modèle du cercle de Prague, L. Hjelmslev crée, en 1931, le cercle linguistique de Copenhague. Les Prolégomènes à une théorie du langage (1941) restent son texte le plus important. Dans cette approche épistémologique, seule la présentation du couple connotation/dénotation, reprise et transformée par Roland Barthes, a fait école.

La glossématique

La glossématique a été créée par Louis Hjemslev, d’après le grec, « glossa », pour désigner la théorie qui se donne la langue comme but en soi et non comme moyen. Elle préconise une connaissance immanente du langage ; la langue est considérée comme une structure fermée sur elle-même ; elle veut déterminer ce qui commun à toutes les langues humaines quelles qu’elles soient et ce qui fait qu’à travers diverses fluctuations une langue reste identique à elle-même. Fondée sur le principe d’empirisme, la description doit être sans contradictions exhaustive et la plus simple possible. Il faut donc abandonner la méthode inductive, qui prétend aller du particu-lier (les données) au général (les lois). Elle ne peut dégager que des concepts valables pour un système linguistique donné. La glossématique sera donc une méthode dé-ductive, qui procède à partir d’un nombre restreint d’axiomes rigoureux à la déter-mination de classes. S’appuyant sur Saussure, Hjemslev fait d la structure immanen-te de la langue l’unique objet de la linguistique. La langue n’est qu’une forme et non une substance : aucune idée, aucun objet ne préexiste à la langue ; chaque langue pratique un découpage original de la réalité. Par exemple le spectre des couleurs est une matière indépendante du réseau de signes que chaque langue instaure dans cet-te substance. Quant à la forme, elle représente les propriétés combinatoires des uni-tés qui résultent de l’analyse des signes. Ce type ne concerne pas seulement le con-tenu sémantique des langues, il a son correspondant au niveau de l’expression, de la manifestation sonore. On pourra ainsi parler de matière, de substance et de forme aussi bien sur le plan du contenu que sur le plan de l’expression.
La glossématique tend ainsi à attribuer à toutes les langues, comme caractère com-mun, le principe de la structure. Les langues se différencient simplement par la ma-nière dont s’applique ce principe.

Biographie Louis Hjelmslev

Louis Hjelmslev (Copenhague, 3 octobre 1899- 30 mai 1965), est un linguiste danois qui a prolongé les réflexions de Ferdinand de Saussure en fondant la glossématique. Maître indiscutable du Cercle linguistique de Copenhague ), il est l'un des pionniers du structuralisme et le fondateur de laglossématique, théorie linguistique de tournu-re structuraliste qui porte à ses ultimes conséquences les postulats du Cours de lin-guistique générale de Ferdinand de Saussure. Parmi ses œuvres il convient de citer : Principes de grammaire générale (1928), et Prolégomènes à une théorie du langage (endanois : Omkring Sprogteoriens Grundlæggelse) (1943).

Il fonde en 1937 avec Viggo Brøndal la revue Acta Linguistica, plus tard renommée Acta Linguistica Hafniensia ; c'était à l'époque la seule revue explicite-ment dédiée au structuralisme. En somme pour Hjelmslev la langue est un réseau de fonctions sémiotiques. A cha-que fonction sémiotique sont associés deux fonctifs qui sont les deux arguments que la fonction met en rapport c'est à dire forme du contenu et forme de l'expression. Ces deux formes n'existent qu'en vertu de la fonction sémiotique et prennent, sui-vant l'image de Hjelmslev, "la substance dans leur filet". Dans cette perspective la phonologie, classiquement définie comme étude des unités distinctives de l'expression phonique (les phonèmes) déterminées par leurs fonctions dans la langue, devient l'étude des formes de l'expression tandis que la phonétique qui les étudie en eux-mêmes (depuis la production des sons par l'appareil de la pho-nation jusqu'à leur perception par l'appareil auditif) devient celle de la substance de l'expression.

Le postulat du parallélisme (plus précisément de l'homomorphisme) entre plan de l'expression et plan du contenu ouvre alors la voie à une sémantique (communé-ment appelée structurale) par le simple transfert des distinctions (ou écarts différen-tiels) constatées au plan de l'expression à des distinctions au plan du contenu. En d'autres termes la forme repérée au plan de l'expression (dans lequel on dispose de procédures "objectives") est reportée au plan du contenu (qui n'est pas accessible à l'observation) et c'est précisément ce report qu'exprime la notion de fonction sé-miotique. Ainsi c'est la matérialité du signifiant qui sert de garant à une approche qui se veut positive et objective du signifié.

Les observations que nous avons faites sur le signe saussurien à propos de son rap-port à la dimension sociale du langage subsistent malgré l'élargissement conceptuel réalisé par le modèle hjelmslevien. Quelles sont la genèse et l'évolution des fonctions sémiotiques, par quels moyens et sur quels points d'appui sont elles modelées par cette force sociale dont parle Saussure sont des questions qui sont débattues dans un champ créé à cet effet (la sociosémiotique) où l'on s'efforce de repérer des corré-lations entre structures linguistiques et structures sociales. L'existence même d'un tel champ et d'une telle problèmatique ne fait probablement que traduire une certaine incapacité de la conceptualisation originelle à rendre compte des pratiques langagiè-res couramment observées.


Les Apports à la Linguistique


  • La langue comme un instrument de communication.
  • La principale fonction du langage est la communication.
  • Complété la partie phonologique de la linguistique.
  • créer un nouveau mot completement différent avec un seule modification, c´est la différence majeure entre les systémes de communication utilisés entre animaux et ceux utilises par les humaines.

Lien entre cette École Linguistique et la Méthodologie d’Enseignement- Apprentissage d’une langue

1.  L’acquisition des langues secondes
Il y a un schéma simple qui représente le processus d’apprentissage d’une langue parceque dans n’importe quelle langue et pour n’importe quel apprenant, il y a toujours ces trois étapes : l’entrée de l’information, l’apprenant et la sortie de l’information.

 




              INPUT                                LEARNER                            OUTPUT

Plus loin, Archibald et Libben confirment que si nous voulons comprendre les  caractéristiques du langage, la précision et l’aisance sont importantes car le manque de précision serait attribuable aux interférences du système phonologique de la langue maternelle. Combien de fois avons-nous eu une conversation avec quelqu’un qui était difficile à comprendre ? Cela est dû
à une interférence de la langue maternelle et « at the phonetic level […] overlap in the phonological processes of sentence creation results in what is perceived as a strong foreign accent »

 De plus, il est possible que le sujet parlant ne puisse pas articuler  correctement un son spécifique dans la langue cible, comme par exemple /tɔ̃/ -thon-. Il est intéressant de noter que « language production is more difficult than language comprehension ».

En effet, nous pouvons comprendre plus que nous pouvons produire et un exemple parfait de ce phénomène se trouve chez les enfants. Ils comprennent les mots et les messages avant de pouvoir produire les mêmes mots ou messages.

D’autres ajoutent que la complexité de l’acquisition d’un accent étranger serait ce qui influence les locuteurs et les interlocuteurs tant au niveau perceptif que productif, voire même conséquemment leurs interactions sociales l’étudiant peut  acquérir une prononciation plus régionale (dialectale) au lieu d’une prononciation plus standard parce qu’une manière d’apprendre une langue est par imitation et plusieurs enseignants utilisent des exercices d’écoute et de répétition.
                  
Ce type d’acquisition d’un accent se produit dans presque toutes les langues mais il reste toujours la possibilité d’une forte influence de la langue maternelle et le trait distinctif d’un accent étranger. Toutefois, plusieurs apprenants ne savent pas quand leur langue maternelle les influence et ils ne peuvent pas identifier les problèmes de prononciation qui résultent en un accent étranger. Même certains enseignants ne savent pas enseigner la prononciation parce qu’ils n’ont pas de connaissance du système phonétique et par conséquent il existe un manque de confiance, de compétence et de connaissance.


2.    Langage et Societé

Que les langues soient structurées, que cette structure ait un caractère abstrait est communément admis; mais la nature de la structure et les parties qui la constituent font l'objet de divergence de vue. La linguistique fonctionnelle conçoit cette structure comme essentiellement façonnée pour répondre aux besoins communicatifs. C'est là l'originalité du fonctionnalisme, l'abstraction qui nous permet d'atteindre la structure n'est pas arbitraire: elle est fondée sur des principes parmi lesquels la valeur fonctionnelle des phénomènes occupe une place importante. le fonctionnalisme se concentre sur le comportement en ce qui concerne de faire une société ou le travail de l'organisation.

De plus, et même si des auteurs ont pu raconter une « Histoire » de l’enseignement des langues étrangères et distinguer des grandes étapes et des courants marquants, l’évolution de la discipline s’écrit plus souvent en termes de continuité que de ruptures, et les méthodologies sont plus souvent amenées à cohabiter et à se superposer qu’à se succéder et à se remplacer.

sábado, 8 de noviembre de 2014

Glossaire



Ø  Double artiulation: Les deux niveaux distincts sur lesquels la langue s’organise.
Ø  Fonctionnalisme: Nom donné à plusieurs courants théoriques selon lesquels les éléments linguistiques se définissent en vertu de leur fonction dans la langue. 

Ø  Glossematique:  Constitue une description formelle des langues, un approfondissement et une tentative de formalisation très rigoureuse de structures linguistiques.
 

Ø  Langue (Martinet): Est un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque communuaté.

Ø  Langue (Saussure): Est un structure, un système de signes homogène, qui est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu.
 
Ø  Linguistique: Science qui a pour objet l'étude des langues envisagées comme systèmes sous leurs aspects phonologiques, syntaxiques, lexicaux et sémantiques.
 
Ø  Morphèmes: Des noms, verbes, adjectifs, etc, qui ont une signifié et un signifiant.
 
Ø  Phonèmes: Ce sont des sons distinctifs, qui changent le sens d’un mot, propres à une langue.
 
Ø  Phonétique: étudie les sons utilisés dans la communication verbale, indépendamment de leur emploi.
 
Ø  Phonologie: qui étudie l'organisation des sons au sein des différentes langues naturelles.

Ø  Schema de la communication: est un modèle décrivant les différentes fonctions du langage.
 
Ø  Sémantique : Étude d'une langue ou des langues considérées du point de vue de la signification; théorie tentant de rendre compte des structures et des phénomènes de la signification dans une langue ou dans le langage. 
 
Ø  Signes Linguistiques: L’union d‘un concept et une image acoustique»
 
Ø  Signifiant: L’image acoustique
 
Ø  Signifié: Le sens, la représentation abstraite d’une idée ou un concept.
 
Ø  Son: Sensation auditive engendrée par une onde acoustique.
 
Ø  Typologie : Méthode de classification des langues qui s'appuie sur leurs caractéristiques internes.

Ø  Traits Distinctif: élément phonique ultime, qui contribue par sa présence ou par son absence à différencier les phonèmes d'une langue.

Structuralisme

Le structuralisme est un courant de pensée qui considère la réalité sociale comme un ensemble formel de relations. 

Le structuralisme s'inspire du modèle linguistique, notamment du "Cours de linguistique générale" de Ferdinand de Saussure (1916) qui appréhende toute langue comme un système dans lequel chacun des éléments n'est définissable que par les relations d'équivalence ou d'opposition qu'il entretient avec les autres, cet ensemble de relations formant la "structure".

Dans les années 1960, le structuralisme devient un courant de pensée des sciences humaines pour lequel les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui sont le plus souvent non conscientes. Il privilégie la totalité par rapport à l'individu considéré comme indissociable de la structure globale, la synchronicité des faits plutôt que leur évolution ainsi que les relations qui unissent ces faits plutôt que les faits eux-mêmes.

Les principaux auteurs et penseurs structuralistes sont : Claude Lévi-Strauss, Louis Althusser, Jacques Lacan, Michel Foucault et Jacques Derrida.

Critiques faites au structuralisme :

  • Son analyse tend à laisser de coté l’histoire de l’homme et à ne pas tenir compte de l'individualité dans l’action humaine.
  • Les hypothèses de départ (généralisation du modèle linguistique de Ferdinand de Saussure) ont été érigées en dogme et ne sont plus remises en cause loin de toute approche scientifique.

Le Fonctionnalisme

Le fonctionnalisme en linguistique est une grammaire fondée sur la reconnaissance de fonction. Le terme de fonctionnalisme désigne un courant d'idées prônées par un groupe de linguistes qui s'inscrivent dans la tradition saussurienne. Cette école met l'accent sur la notion de fonction de communication de la langue en essayant de retrouver dans les énoncés les traces manifestes des différents " choix " effectués par le locuteur. Le fonctionnalisme en linguistique tient compte de trois niveaux de fonctions dans les éléments d'un discours. 

1. Fonction sémantique: (agent / patient / récepteur / etc.), qui décrit le rôle des unités dans la situation ou l'action exprimée.

2. Fonction syntaxique: (sujet / objet), qui définit les différents points de vue dans la présentation d'une expression linguistique.

3. Fonction pragmatique: (thème principal et thème secondaire, contexte, orientation), qui définit le contenu informatif des unités, déterminée par le contexte des interactions entre mots.

Fonctionnalisme :(école européenne de Martinet) 
Ce courant dégage une procédure pour analyser la phonologie, puis la généralise aux autres niveaux (morphologie, lexicologie, syntaxe). Les unités n’ont de valeur linguistique que par rapport à leurs possibilités d’opposition ou de combinaison. 

      

Biographie Ferdinand de Saussure

Ferdinand de Saussure


Linguiste suisse (Genève 1857-Vufflens-le-Château, canton de Vaud, 1913).
Né dans une vieille famille de l'aristocratie genevoise où la recherche scientifique est une tradition (son père, Henri de Saussure [1829-1905] est un naturaliste de renom), F. de Saussure, après des études classiques, entreprend en 1875 une première année de physique et chimie à Genève. Cependant, son goût pour la linguistique s'est déjà manifesté par un Essai sur les langues rédigé à quinze ans et inspiré par la tradition linguistique spéculative du xviiie s. sur l'origine du langage. C'est en 1876, avec son départ pour Leipzig, que commence réellement sa carrière de linguiste. Saussure y étudie pendant quatre années, avec un court séjour à Berlin (1878), le sanskrit, l'iranien, le vieil irlandais, le vieux slave, le lituanien, tout en participant activement aux débats des néogrammairiens (Karl Brugmann [1849-1919], Hermann Osthoff [1847-1909], August Leskien [1840-1916]). Son Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, achevé et publié à Leipzig en 1879, fait de lui, à vingt et un ans, un des « noms » de la linguistique. En 1880, Saussure soutient à Leipzig sa thèse de doctorat, De l'emploi du génitif absolu en sanskrit, puis il vient à Paris, où il suit les cours de grammaire comparée de Michel Bréal (1832-1915) à l'École des hautes études, cours qu'il assurera lui-même à partir de 1881. Sa période parisienne (1880-1891) est marquée par une grande activité, grâce à son enseignement, où apparaissent ses premières réflexions sur le « système » de la langue et auquel assiste un auditoire passionné (dont A. Meillet), et grâce à la publication d'articles et de notes qui paraissent dans les Mémoires de la société de linguistique, dont il est devenu le secrétaire adjoint en 1882.
Cette activité contraste avec le silence qui marque la dernière période de sa vie, celle de Genève, de 1891 à 1913. Après avoir enseigné à l'université de Genève le sanskrit et la grammaire comparée, Saussure aborde en 1907 la question essentielle des fondements de la linguistique générale, implicite dans toute son œuvre antérieure, mais il ne livre plus rien de ses longues méditations, hormis au petit cercle de ses élèves genevois, qui transmettront l'essentiel de ses thèses dans un ouvrage publié en 1916, trois ans après sa mort, Cours de linguistique générale, réalisé par Ch. Bally et Ch. A. Séchehaye (1870-1946) à partir des notes des cours que Saussure a professés en 1906-1907, en 1908-1909 et en 1910-1911.

LA SYNTAXE FONCTIONNELLE

MONÈMES ET MORPHÈMES

Les monèmes sont les unités significatives (de première articulation) minimum, comportant un signifié et un signifiant. La procédure d'analyse des énoncés en monèmes est la même que celle appliquée en phonologie (rapprochement et comparaison de séquences) :
« il s'agit, bien entendu, dans les deux cas, de déterminer les segments qui ont fait l'objet d'un choix particulier du locuteur: dans le cas des phonèmes, il s'agissait de segments qu'il fallait choisir de façon à obtenir un signifiant déterminé; ici, il s'agit de segments que le locuteur a dû choisir en fonction directe de la valeur à donner au message »i

Pour A. Martinet, le morphème est un élément grammatical (affixe, désinence, etc.). Il s’oppose au lexème qui indique l’unité significative minimale douée de sens. Les morphèmes et les lexèmes appartiennent à la classe des monèmes, ou unités significatives de première articulation.

DIFFICULTÉS DE L'ANALYSE SYNTAXIQUE

Malgré l'analogie des deux plans de l'analyse fonctionnelle postulée par Martinet , l'analyse syntaxique présente des difficultés qui n'apparaissent pas dans l'analyse phonologique.

LA NOTION D'AMALGAME

L'amalgame est un monème formé de deux monèmes non segmentables. Par exemple le /o/ (au) dans la phrase suivante :   " Je vais au marché."

Martinet affirme que ce /o/ correspondait à l'origine à (à -  le) le morphème [à] qui indique la direction et le morphème [le] qui est le déterminant du nom. L'amalgame correspond à un seul signifiant pour deux signifiés 
L'amalgame se retrouve dans beaucoup de langues, et selon Martinet il convient de le rechercher et de l'isoler avant l'analyse.

LE MONÈME DISCONTINU

A l'inverse de l'amalgame, le monème discontinu correspond à plusieurs signifiants pour un seul signifié. Comme par exemple le monème du pluriel dans « Les enfants lisent » comparé « l'enfant lit »
Le monème discontinu se retrouve dans [lez] et dans [liz].
Les variations entre le singulier et le pluriel constituent le monème du pluriel.
"l'animal dort " comparé à " les animaux dorment " 
"Je cours" comparé à " nous courons "
"Je mange" comparé à "je ne mange pas" (monème de la négation)

LE SYNTHEME

Le synthème est un signifié composé de plusieurs signifiants, et non indécomposable. Pour expliquer le synthème, Martinet préconise la notion de « choix unique »
Exemple : "pommes de terre" , "chambre à coucher",  "ouvre-boite" sont des synthèmes.

Modèle phonologique: portée et limites

Ce succès semble dû à trois raisons, au moins: 1° la méthodephonologique permet d’identifier les unités phoniques correspondant à l’intuition et au comportement du sujet parlant; 2° les résultats sont pour l’essentiel indépendants de la subjectivité du descripteur. En d’autres termes, l’analyse phonologique donne des résultats objectifs; 3° l’analyse phonologique peut être menée par un descripteur qui ne soit pas locuteur de la langue à l’étude. Ce dernier point est d’importance. Car après tout, les Grecs anciens qui ont établi l’écriture alphabétique, avaient conscience des phonèmes; mais vraisemblablement, leur connaissance se limitait à la langue qu’ils pratiquaient. En cela, la phonologie accomplit un pas significatif vers la scientificité: elle se munit d’une méthode objective. Cependant, le modèle phonologique se heurte à des limites: si les locuteurs tombent d’accord pour reconnaître certains phonèmes, pour certains autres, des désaccords se manifestent. Ainsi, /p, t, k, b, d, g/ sont reconnus comme des phonèmes par n’importe quel francophone. Mais qu’en est-il des éléments comme /ö/ et /oe/? Sont-ce deux phonèmes distincts? Les mots jeûne et jeune s’opposeraient-ils par leur constitution phonique? À ces questions, on ne trouverait pas de réponses identiques dans l’intuition des sujets parlants. Il ne s’agit pas de cas isolés; les exemples peuvent être multipliés à souhait. Cela soulève un problème de fond: le système phonologique d’une langue est-il homogène, constant? Renferme-t-il au contraire variations et hétérogénéités?

Troubetzkoy semble pencher pour l’homogénéité phonologique des langues. C’est André Martinet qui pour la première fois met l’étude des variations phonologiques à l’ordre du jour. Son enquête dont les résultats sont publiés en 1945 montre l’ampleur des variations phonologiques (Martinet: 1945). Les résultats montrent — chiffres à l’appui — les tendances les plus générales des pratiques phonologiques; et les distinguent des habitudes d’une fraction relativement restreinte de la francophonie: celles de la bourgeoisie parisienne. On a là un tournant dans l’évolution de la théorie phonologique: pour une analyse poussée, Martinet fait appel à des outils statistiques, alors que Troubetzkoy considère que la langue est en dehors de la mesure et du nombre (Troubetzkoy, 1939: 9). Le recours à l’enquête a un double effet. D’une part, elle permet d’obtenir une image plus fidèle du matériel phonique dans sa diversité sur le territoire d’une langue. D’autre part, il repose la question de la structure linguistique et de sa nature: les langues ont-elle une structure purement formelle? Ou bien la structure linguistique comporte-t-elle de l’aléatoire? Dans les deux cas, se pose la question des liens entre la structure linguistique et la fonction de communication.