jueves, 13 de noviembre de 2014

L’Origine de la Théorie du Fonctionnalisme.

Les principes fonctionnels proposés par Martinet sont tous liés, en dernière analyse, à la notion de rendement fonctionnel, qui occupe une place cen-trale dans le modèle de Martinet. Ce concept trouve son origine dans le Cercle linguistique de Prague; il apparaît dès le début des années 1920, entre autres dans un article de Vilém Mathesius.


Le fonctionnalisme en linguistique est une grammaire fondée sur la recon-naissance de fonction. Le terme de fonctionnalisme désigne un courant d'idées prônées par un groupe de linguistes qui s'inscrivent dans la tradition saussurienne. Cette école met l'accent sur la notion de fonction de commu-nication de la langue en essayant de retrouver dans les énoncés les traces manifestes des différents " choix " effectués par le locuteur. Le fonctionna-lisme en linguistique tient compte de trois niveaux de fonctions dans les éléments d'un discours.


1. Fonction sémantique: (agent / patient / récepteur / etc.), qui décrit le rôle des unités dans la situation ou l'action exprimée.

2. Fonction syntaxique: (sujet / objet), qui définit les différents points de vue dans la présentation d'une expression linguistique.

3. Fonction pragmatique: (thème principal et thème secondaire, contexte, orientation), qui définit le contenu informatif des unités, déterminée par le contexte des interactions entre mots.


Fonctionnalisme :(école européenne de Martinet)
Ce courant dégage une procédure pour analyser la phonologie, puis la gé-néralise aux autres niveaux (morphologie, lexicologie, syntaxe). Les unités n’ont de valeur linguistique que par rapport à leurs possibilités d’opposition ou de combinaison.

Le Cercle de Prague

Le Cercle de Prague

A partir de 1926, Mathésius crée le Cercle linguistique de Prague (CLP) en réunissant un groupe de professeurs et d’étudiants de l’université qui étaient animés par un désir de résister aux thèses « mécanistes » des néogrammairiens. Jakobson a été un inspirateur du Cercle. Les théoriciens du Cercle posèrent des principes théoriques sous forme de thèse qui s’élèvent à neuf. Nous mentionnons ici les plus importantes:

-La langue doit être conçue comme un « système fonctionnel » ;
-La démarche méthodologique du linguiste doit être synchronique, et elle doit avoir recours au « sentiment direct » du locuteur, à son introspection ;
-La conception de la langue comme système fonctionnel doit s’appliquer non seulement sur le plan synchronique, mais également sur le plan historique ;

-Un des objectifs du Cercle est de réaliser une typologie ( ou caractérologie) des systèmes que constituent les langues.

Biographie d´André Martinet

André Martinet rentre en France, en 1955, il obtient à la Sorbonne la chaire de linguistique générale. Il n'y a plus de chaire de phonologie à l'École pratique des Hautes Études mais on y crée pour lui, en 1957, une Direction d'études de linguistique structurale.Dès lors, outre l'enseignement élémentaire qu'il assure à la Sorbonne et qui aboutit à la publication en 1960 des Éléments de linguistique générale, traduit aujourd'hui dans près de vingt langues, André Martinet forme de nombreux chercheurs dans ses séminaires à l'École pratique des Hautes Études et dirige des thèses de doctorat portant sur les langues les plus variées.


La multiplication de ses tâches administratives ne ralentit guère sa production scientifique. En 1965, il fonde la revue La Linguistique conçue essentiellement comme tribune du fonctionnalisme linguistique.L'activité scientifique d'André Martinet apparaît comme étroitement liée au développement de la linguistique contemporaine. Sa vision linguistique, ramassée dans la définition qu'il a donné d'une langue, correspond à une élaboration positive qui s'est faite constamment en contact avec la pensée d'autrui, mais rarement sous sa pression directe. «Une langue», écrit-il, «est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression vocale, les monèmes ; cette expression vocale s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d'une langue à une autre».


Les élements de liguistique générale André Martiné

Description


Cet ouvrage se veut une présentation réaliste de l'ensemble des faits de langue (analyse phonologique, unités significatives, description et évolution des langues), des principes et des méthodes de la linguistique, sans formalisme ni a priori théorique abusif. L'accent est mis autant sur la fonction des unités linguistiques que sur les structures qu'elles constituent. De nombreuses fois réédité, ce classique de la linguistique est une introduction essentielle au langage et à la langue. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.


Double articulation du langage

Cette relation entre le signifié et le signifiant nous amène à faire une autre distinction qui nous paraît importante du point de vue linguistique. Il s'agit de la double articulation du langage (deux types d'unités découpées sur deux niveaux distincts). Selon André Martinet, la langue s'organise sur deux niveaux qui opèrent de façon différente. Pour lui, les unités qui s'enchaînent dans le discours ne s'enchaînent pas de la même façon et au même niveau.

André Martinet propose donc que la langue contient :
a) des unités de première articulation: les morphèmes (unités minimales de signification). Ce sont des noms (arbre, crayon, maison, etc.), verbes (manger, écrire, rêver, etc.), adjectifs (bleu, grand, rapide, etc.), etc. On note aussi que les "parties de mots" (comme le "-ons" dans le verbe "mangerons", ou le "eur" dans "réparateur") qui ont une valeur grammaticale sont aussi appelées des morphèmes et qu'elles sont aussi porteuses de sens. En effet, à chaque fois qu'un verbe se termine par un "-ons", les locuteurs du français reconnaissent que le sujet est une première personne du pluriel ("nous"), peu importe le verbe.

Ex. 1:
a. "Je viens." (2 morphèmes)
b. "Je viendrai." (3 morphèmes)

1-je: pron. pers.
2-vien-: verbe venir
3-drai: futur, 1ere personne du sing.

Ex. 2 (utilisation du morphème "-ons"):
a. Nous viendrons.
b. Isabelle et moi voterons pour Steven Harper.

Ce qu’il faut comprendre à ce moment et ce en quoi cette notion se rattache avec la sémiologie est que ces morphèmes sont constitués d'un signifiant ET d'un signifié.

L'analyse de la langue en morphèmes, champ d'étude fascinant, sera abordée de façon plus détaillée lorsque vous ferez de la morphologie dans le deuxième cours d'introduction offert au département (Fren 370).

b) des unités de seconde articulation: les phonèmes (unités minimales distinctives). Ce sont des sons distinctifs (ils changent le sens d'un mot (pont-bon, quand-banc) sans qu'ils ne soient porteurs de sens) propres à une langue.

Ces phonèmes ne sont constitués que d'un signifiant, sans signifié.
Autre illustration de la double articulation du langage: Combien de mots d’une seule syllabe pouvez-vous former qui se terminent par le son « -on »? Un étudiant bien inspiré pourrait arriver à cette simple liste qui contient un bon nombre de mots différent seulement par leur première consonne et qui se terminent tous par le son "-on":

pont
bon
ton / taon
don / dont
con / qu’on
gong
font / fond
vont
son / sont
jonc
mon
non
long
rond

La langue peut donc "optimiser" son système en formant un grand nombre de mots différents avec une seule modification (remplacer un seul son) plutôt que de créer un nouveau mot complètement différent à chaque fois. Ceci est possible seulement par l’existence d’unités sans sens (les sons, ou phonèmes) que l’on peut substituer les unes aux autres pour changer le sens d’un mot. Cette particularité de créer un système productif contenant deux niveaux d'organisation pour communiquer constitue une différence majeure entre les systèmes de communication utilisés entre animaux et ceux utilisés par les humains.

En résumé, lorsque nous parlons de double articulation du langage, nous parlons de deux niveaux d'organisation du langage:
a) première articulation, les morphèmes (qui ont un signifié et un signifiant)
b) deuxième niveau d'organisation: les phonèmes (qui n'ont qu'un signifiant)


LES TRAITS DISTINCTIFS

Un phonème être décrit comme un faisceau de traits distinctifs. Un trait distinctif est ce qui maintient un phonème différent de tous les autres du système. On dit ainsi de /d/ qu'il est apical (ce qui l'oppose à /b/), sonore (ce qui l'oppose à /t/), et occlusif (ce qui l'oppose à /z/); de /i/ qu'il est fermé et antérieur. Les phonèmes /l/ et /r/ qui se définissent par un seul trait (la-téral pour /l/ et vibrant pour /r/), sont appelés phonèmes non intégrés. La notion de trait distinctif est très importante pour organiser le système d'une langue: elle permet de s'apercevoir que c'est, en français, le même trait dis-tinctif (sonore/sourde) qui oppose /b/ à /p/, /d/ à /t/, /v/ à /f/...

On dit qu'il y a corrélation de sonorité en français, et l'on peut représenter : /b/ comme comportant le trait [+ sonore], là où /p/ a le trait [—sonore].

CLASSIFICATION DES MONÈMES

Martinet propose une classification des monèmes selon leur fonction dans l'énoncé. Dans l'exemple : « Hier, il y avait fête au village »
Le monèmes autonome.
Comme « hier », « demain », « aujourd'hui ».
Le monèmes fonctionnel
comme « au » « à » « vers » « par »
Le syntagme indépendant
« en voiture », « avec mes valises », « par la fenêtre ».
Le syntagme prédicatif.
Comme « il y avait fête au village »
Martinet affirme que seul le syntagme prédicatif est important pour la communication , tout le reste est « expansion ».